Folies Scolaires - Cabinet de graphopédagogie

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Nous avons tous notre bonne part de reproches à nous faire.

 

« La Dernière Classe », Alphonse Daudet (Les Contes du lundi)

 

       Alors d'une chose à l'autre, M. Hamel se mit à nous parler de la langue française, disant que c'était la plus belle langue du monde, la plus claire, la plus solide : qu'il fallait la garder entre nous et ne jamais l'oublier, parce que, quand un peuple tombe esclave, tant qu'il tient sa langue, c'est comme s'il tenait la clef de sa prison... Puis il prit une grammaire et nous lut notre leçon. J'étais étonné de voir comme je comprenais. Tout ce qu'il disait me semblait facile, facile. Je crois aussi que je n'avais jamais si bien écouté, et que lui non plus n'avait jamais mis autant de patience à ses explications. On aurait dit qu'avant de s'en aller le pauvre homme voulait nous donner tout son savoir, nous le faire entrer dans la tête d'un seul coup. [...]

        

          Tout à coup l'horloge de l'église sonna midi, puis l’angélus. Au même moment, les trompettes des Prussiens qui revenaient de l'exercice éclatèrent sous nos fenêtres... M. Hamel se leva, tout pâle, dans sa chaire. Jamais il ne m'avait paru si grand.

          « Mes amis, dit-il, mes amis, je... je... »

          Mais quelque chose l'étouffait. Il ne pouvait pas achever sa phrase.

          Alors il se tourna vers le tableau, prit un morceau de craie, et, en appuyant de toutes ses forces, il écrivit aussi gros qu'il put :

          « VIVE LA FRANCE ! »

          Puis il resta là, la tête appuyée au mur, et, sans parler, avec sa main il nous faisait signe : 

          « C'est fini...allez-vous-en. »

 

Texte complet ci-dessous

 



14/03/2018

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